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TDAH et réflexes primitifs : un lien corporel qui se précise

  • Photo du rédacteur: Myriam Perrozet
    Myriam Perrozet
  • 21 juil.
  • 3 min de lecture

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Une étude publiée en juillet 2023 dans la revue Frontiers in Psychiatry explore un lien encore peu connu mais prometteur : la relation entre le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et la persistance de certains réflexes primitifs, normalement présents uniquement chez le nourrisson. Cette revue systématique et méta-analyse a été menée par Meng Wang et ses collègues, et elle apporte un éclairage nouveau sur le rôle du développement moteur dans les troubles de l’attention.


Que sont les réflexes primitifs ?


Les réflexes primitifs sont des mouvements automatiques et involontaires qui apparaissent dès la naissance et jouent un rôle crucial dans le développement du bébé. Ils préparent le système nerveux à des fonctions motrices plus complexes, comme ramper, se redresser, coordonner ses mouvements ou encore stabiliser le regard.


En temps normal, ces réflexes s’inhibent ou “s’intègrent” naturellement entre 6 mois et 3 ans, à mesure que le cerveau du bébé, notamment le cortex préfrontal, gagne en maturité. Mais chez certains enfants, ils persistent au-delà de cet âge — ce qui peut interférer avec l’attention, la coordination ou les apprentissages.


Zoom sur deux réflexes clés : RTAC et RTSC


1. Le réflexe tonique asymétrique du cou (RTAC)

Lorsque ce réflexe est actif chez un nourrisson, tourner la tête d’un côté déclenche automatiquement l’extension du bras et de la jambe du même côté, tandis que le bras et la jambe opposés se replient. C’est un réflexe utile pour le développement de la coordination œil-main et le début du contrôle postural.


👉 Pourquoi pose-t-il problème s’il persiste ?

Chez un enfant plus grand, un RTAC non intégré peut :

  • rendre difficile la concentration visuelle (regarder un tableau tout en écrivant),

  • gêner l’écriture (la tête tourne involontairement en bougeant le bras),

  • affecter la latéralisation (difficulté à distinguer droite et gauche),

  • provoquer une gêne corporelle qui perturbe l’attention soutenue.


En classe, cela peut se traduire par une posture instable, une écriture irrégulière, ou un enfant qui semble facilement distrait ou fatigué.


2. Le réflexe tonique symétrique du cou (RTSC)

Ce réflexe provoque des mouvements automatiques en lien avec les flexions et extensions de la tête :

  • quand l’enfant lève la tête, les bras ont tendance à se tendre et les jambes à se plier,

  • quand il baisse la tête, les bras se plient et les jambes se tendent.


👉 Pourquoi pose-t-il problème s’il persiste ?

Un RTSC actif perturbe la capacité à coordonner les mouvements du haut et du bas du corps, ce qui affecte :

  • l’équilibre et la posture assise (l’enfant bouge ou glisse sur sa chaise),

  • la capacité à écrire sans s’appuyer sur le bureau,

  • des difficultés pour recopier au tableau

  • la lecture, car bouger les yeux en ligne droite demande une stabilité de la tête,

  • le contrôle moteur fin, nécessaire à des gestes précis (découper, dessiner, boutonner).

Ces difficultés motrices créent une charge cognitive supplémentaire : l’enfant doit mobiliser une partie de son attention juste pour tenir en place ou écrire, ce qui réduit sa disponibilité mentale pour écouter ou apprendre.


Ce que montre l’étude


Les chercheurs ont analysé quatre études totalisant 229 enfants. Ils ont trouvé une corrélation modérée mais significative entre la persistance de ces réflexes et les symptômes du TDAH :

  • RTAC : corrélation r = 0,48 (intervalle de confiance entre 0,27 et 0,64)

  • RTSC : corrélation r = 0,39 (intervalle de confiance entre 0,25 et 0,52)


Plus ces réflexes sont présents, plus les enfants présentent des comportements liés au TDAH : agitation, inattention, impulsivité, troubles de la coordination.


Les chercheurs soulignent aussi que certains facteurs, comme le sexe, le type de test utilisé, ou l’échelle d’évaluation des comportements (comme l’échelle de Conners), peuvent influencer la force de cette relation.


Conclusion : une piste à explorer pour mieux accompagner les enfants


Cette étude suggère que les symptômes du TDAH pourraient, chez certains enfants, être liés à un développement neuromoteur incomplet. Cela ouvre la voie à des approches corporelles complémentaires, comme des exercices moteurs ou sensoriels visant à intégrer ces réflexes résiduels.

Les auteurs appellent à poursuivre les recherches, notamment par des études longitudinales, pour mieux comprendre si ces réflexes non intégrés contribuent directement au TDAH ou s’ils en sont une conséquence.


En résumé


Les enfants atteints de TDAH pourraient ne pas seulement avoir un trouble de l’attention "dans la tête", mais aussi un corps qui n’est pas encore prêt à rester calme, stable et disponible pour apprendre. En intégrant cette dimension corporelle dans les évaluations et les accompagnements, parents et professionnels pourraient mieux comprendre certaines difficultés — et y répondre de manière plus globale.

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